• vendredi 8 mai 2009

    Haro sur On a enfin une explication aux mobilisations qui secouent le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche depuis quatorze semaines : elles sont manipulées par l’extrême gauche ! Le 4 mai, le porte-parole de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) Frédéric Lefebvre fustigeait ainsi la « minorité de surexcités qui sacrifie pour des raisons idéologiques l’avenir des jeunes ». Le même jour, l’éditorialiste du Figaro, Yves Thréard, expliquait à ses lecteurs que l’université française « continue de creuser sa tombe par la faute de quelques enragés ». Dans la foulée, le socialiste François Hollande tançait « une extrême gauche qui cherche, pour des raisons qui lui appartiennent, à engager un conflit qui n’a que trop duré (1) ». Il crut même retrouver un instant des airs thoréziens en clamant : « à un moment, il faut savoir sortir d’un conflit », oubliant juste la seconde partie de la phrase prononcée en juin 1936 par le secrétaire général du Parti communiste français : « Dès l’instant où les revendications essentielles ont été obtenues. »

    Et en la matière, on peut dire que l’on est loin du compte : le démantèlement du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) continue sur sa lancée. Le contrat doctoral destiné à financer les étudiants inscrits en thèse est à ce point assorti de tâches administratives et d’enseignement qu’on se demande quand ils vont faire des recherches, et la réforme de la formation des enseignants du second degré est – victoire décisive s’il en est – reportée d’un an… Quant au décret sur le statut des enseignants-chercheurs, il demeure très insatisfaisant, tant ses réécritures – deux fois, aime à rappeler la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Mme Valérie Pécresse – restent conforme à l’original. Et tout ceci pour ne rien dire des réductions budgétaires qui affectent indifféremment universités et laboratoires de recherche.

    Dans ces conditions, on comprendra que la mobilisation ne faiblisse pas. Contrairement aux informations du cabinet du ministre, complaisamment relayées par les médias, elle ne se limite pas à quelques universités bloquées. Les modalités de lutte se sont diversifiées, notamment avec la rétention administrative des notes, pratiquée dans l’écrasante majorité des établissements, et les menaces pesant sur l’organisation des examens. A tel point d’ailleurs que naît une tension pratiquement insoluble entre enseignants et étudiants. Les premiers n’ont guère plus que le blocage administratif à opposer à l’entêtement gouvernemental, et les seconds craignent de perdre leur année universitaire. Un cas de figure – nous rappellent les chantres de la réforme – dont les conséquences seraient particulièrement dramatiques pour les étudiants provenant des milieux populaires, dont beaucoup doivent enchaîner les petits boulots pour payer leurs études. Ici, ce n’est pas le moindre des paradoxes de voir des gouvernants découvrir subitement ces étudiants, alors même que la rareté des bourses et la faiblesse des capacités d’accueil des cités universitaires semblent suggérer que leur situation ne les préoccupe généralement pas autant… Leurs légitimes inquiétudes quant à l’avenir se convertissent en l’étendard que les réformateurs brandissent contre l’« inconscience » ou l’« inconséquence » de ces enseignants-chercheurs « privilégiés » qui refusent le « progrès ».

    Pourtant, à y regarder de près, le « progrès » dont se prévalent la ministre et ses proches ressemble plutôt à une régression, dont les étudiants des milieux populaires pourraient bien être les premières victimes. Car il serait erroné de penser que le violent démenti apporté par la crise économique aux théories libérales ait refroidi les ardeurs de leurs défenseurs. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir un rapport récent de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui se félicitait des évolutions en cours dans le monde de l’enseignement supérieur et la recherche français et préconisait d’« élargir l’autonomie des universités au-delà de ce qui a été réalisé en 2007, surtout pour la gestion budgétaire, le recrutement et la rémunération du personnel. (…) De nouvelles mesures sont nécessaires pour favoriser le financement privé des universités, notamment en ayant davantage recours aux droits de scolarité, cette mesure se doublant de prêts étudiants remboursables en fonction du revenu ultérieur (2) ». Cette philosophie sous-tend l’ensemble des réformes contestées par la communauté universitaire. Ses effets sont connus, aux Etats-Unis notamment : il s’agit du creusement des inégalités entre établissements. D’un côté, un enseignement et une recherche d’élite, financés par des institutions privées et des droits d’inscription élevés pour des étudiants solvables, issus de la bourgeoisie nationale et de celle des pays émergents ; de l’autre, des « collèges supérieurs » chargés d’absorber les effets de l’élévation générale du niveau scolaire qui devront essayer de devancer les attentes toujours fluctuantes et souvent contradictoires en matière de recrutement des entreprises locales.

    Dans ce contexte idéologique, les enseignants, les chercheurs, les personnels administratifs et les étudiants mobilisés peuvent passer pour des gauchistes aux yeux du gouvernement, des journalistes qui le soutiennent et même de M. Hollande. La défense d’un service public d’enseignement et de recherche de qualité semble en effet tellement saugrenue qu’elle en est presque révolutionnaire.

    Laurent Bonelli

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  • Pourquoi s'attendrir sur les brutes
    quand les êtres raisonnables sont si malheureux ?

     

     

    On m'a souvent accusée de plus de sollicitude pour les bêtes que pour les gens : pourquoi s'attendrir sur les brutes quand les êtres raisonnables sont si malheureux ?

    C'est que tout va ensemble, depuis l'oiseau dont on écrase la couvée jusqu'aux nids humains décimés par la guerre. La bête crève de faim dans son trou, l'homme en meurt au loin des bornes.

    Et le cœur de la bête est comme le cœur humain, son cerveau est comme le cerveau humain, susceptible de sentir et de comprendre. On a beau marcher dessus, la chaleur et l'étincelle s'y réveillent toujours.

    Jusque dans la gouttière du laboratoire, la bête est sensible aux caresses ou aux brutalités. Elle a plus souvent les brutalités : quand un côté est fouillé, on la retourne pour fouiller l'autre ; parfois malgré les liens qui l'immobilisent, elle dérange dans sa douleur le tissu délicat des chairs sur lequel on travaille : alors une menace ou un coup lui apprend que l'homme est le roi des animaux ; parfois aussi pendant une démonstration éloquente, le professeur pique le scalpel dans la bête comme dans une pelote : on ne peut pas gesticuler avec cela à la main, n'est-ce pas ? et puisque l'animal est sacrifié, cela ne fait plus rien.

    Est-ce que toutes ces démonstration-là ne sont pas connues depuis longtemps aussi bien que les soixante et quelque opérations qu'on fait à Alfort sur le même cheval ; opérations qui ne servent jamais, mais qui font souffrir la bête qui tremble sur ses pieds saignants aux sabots arrachés.

    Ne vaudrait-il pas mieux en finir avec tout ce qui est inutile dans la mise en scène des sciences ? Tout cela sera aussi infécond que le sang des petits enfants égorgés par Gille de Rez et d'autres fous dans l'enfance de la chimie. Une science, au lieu d'or, est sortie des creusets du grand œuvre ; mais elle en est sortie suivant le procédé de la nature des éléments que la chimie décompose et recomposera un jour.

    Peut-être l'humanité nouvelle, au lieu des chairs putréfiées auxquelles nous sommes accoutumés, aura des mélanges chimiques contenant plus de fer et de principes nutritifs que n'en contiennent le sang et la viande que nous absorbons.

    Eh bien, oui, je rêve, pour après le temps où tous auront du pain, le temps où la science sera le cordon bleu de l'humanité ; sa cuisine ne flattera peut-être pas autant au premier moment le palais de la bête humaine, mais ce ne sera pas trichiné ni pourri, et refera aux générations, exténuées des longues famines ou des longs excès des ancêtres, un sang plus fort et plus pur.

    Tout sera alors pour tous, même les diamants, car la chimie saura cristalliser le charbon, comme elle sait du diamant consumé refaire la cendre d'un charbon.

    Il est probable qu'à ce moment-là bien d'autres richesses et de plus beaux triomphes que le diamant vulgarisé appartiendront à la science qui se servira de toutes les forces de la nature.

     

    Louise Michel,
    Mémoires de Louise Michel. Ecrits par elle-même,

    Paris, Maspéro, 1976, pp.97-98.

     


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    La Commune de Paris trouve sa source dans un élan républicain se référant à la Première République et au gouvernement révolutionnaire de la Commune de Paris (1792), ainsi qu'à l'insurrection populaire de juin 1848 sous la Deuxième République et qui avait été réprimée de façon sanglante par le gouvernement instauré par la Révolution de février 1848. C'est d'ailleurs depuis cette date que le drapeau rouge rallie les insurrectionnalistes et barricadiers (symbolisant le sang du peuple ouvrier, le drapeau tricolore étant vu comme synonyme de répression, le drapeau rouge était à l'origine, sous la Révolution, le drapeau symbolisant la loi martiale, le peuple a repris ce symbole pour se moquer des monarques et des soldats).

    De 1804 à 1871, la France ayant vécu principalement sous des régimes monarchiques ou impériaux (Premier Empire, Restauration, Monarchie de Juillet, Second Empire), le régime républicain n'avait fonctionné que très peu d'années. En juillet 1870, Napoléon III entreprend une guerre mal préparée contre la Prusse qui le conduit rapidement à la défaite. Le 4 septembre 1870, suite à une journée d'émeute, l'Empire est renversé et un Gouvernement de la Défense nationale s'installe à l'Hôtel de ville de Paris pour poursuivre la guerre contre les États allemands. Paris est assiégée et connaît une grave famine au cours de l'hiver 1870-71. Jules Favre, ministre des Affaires étrangères du gouvernement de la Défense nationale, signe un armistice avec Bismarck. Celui-ci prévoit, outre la fin des hostilités pour une période de quinze jours renouvelables, la convocation d'une Assemblée nationale, chargée de décider de la poursuite de la guerre ou de la paix. Les élections du 8 février, organisées dans la précipitation pour signer au plus vite l'armistice, envoient une forte proportion de monarchistes, candidats des listes "pour la paix", à l'Assemblée nationale. La plus grande partie des élus de Paris sont des républicains, des listes "pour la guerre", souvent extrémistes. En effet le peuple parisien pense s'être correctement défendu et ne se considère pas comme vaincu. L'Assemblée se réunit d'abord à Bordeaux, puis à Versailles, pour ne pas tomber sous les révoltes parisiennes comme cela a failli se produire pendant le gouvernement de la Défense nationale (31 octobre notamment).

    Depuis le 17 février, le gouvernement de la République est dirigé par Adolphe Thiers "chef du pouvoir exécutif" ; il cherche à conclure un traité de paix avec la Prusse. Les Parisiens, qui ont supporté un siège très dur, et sous le coup d'une fièvre obsidionale ( "la folie du siège" ), veulent protéger Paris des Prussiens et ouvrir une nouvelle ère politique et sociale[2]. Ils refusent que les troupes françaises récupèrent les canons de Paris et craignent que les prussiens, entrés dans la ville, ne s'en emparent. C'est donc l'épreuve de force entre les royalistes, grands bourgeois et conservateurs provinciaux, tous favorables à une paix rapide avec l'Allemagne, retirés à Versailles et la population parisienne (essentiellement celle des quartiers de l'est parisien soumise aux très dures conditions salariales et sociales de l'époque et principale victime de la famine due au siège de Paris par les Allemands).

    À Paris, la mixité sociale dans les quartiers, de règle depuis le Moyen Âge, a presque disparu avec les transformations urbanistiques du Second Empire. Les quartiers de l'ouest (VIIe, VIIIe, XVIe et XVIIe arrondissements) concentrent les plus riches des Parisiens (avec leur domesticité). Les quartiers centraux conservent encore des personnes aisées. Mais les classes populaires ont été regroupées à l'Est (XIe, XIIe, XIIIe, Xe, XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements). Les ouvriers sont très nombreux : 442 000 sur 1,8 million d'habitants selon le recensement de 1866. S'y ajoutent de très nombreux artisans (près de 70 000, la plupart travaillant seuls ou avec un unique ouvrier) et de très petits commerçants dont la situation sociale est assez proche de celle des ouvriers. Ces classes populaires ont commencé à s'organiser. Le droit de grève qui a été accordé en 1864, a été très utilisé dans les dernières années du Second Empire. À l'occasion d'élections législatives de février 1864, des ouvriers publient le manifeste des Soixante, qui réclame la liberté du travail, l'accès au crédit et la solidarité. Depuis septembre 1864, il existe une Internationale ouvrière, qui a des représentants à Paris (en 1868, le gouvernement impérial dissout la section française de l'Internationale dont les membres ont participé à des manifestations républicaines). La loi sur la liberté de la presse de 1868, permet l'émergence publique de revendications économiques anti-capitalistes : la « nationalisation » des banques, des assurances, des mines, des chemins de fer (programme de Malon et Varlin pour les élections législatives de 1869)... Les blanquistes, qui prônent l'insurrection, se manifestent de plus en plus.

    Les classes populaires parisiennes craignent de se voir une nouvelle fois frustrées des bénéfices de « leur » révolution de septembre 1870 (renversement du Second empire). Déjà, après les journées révolutionnaires parisiennes de juillet 1830 et après celle de février 1848, et les élections de mai 1848, les classes aisées avaient confisqué le pouvoir politique à leur profit, en installant la Monarchie de juillet et le Second Empire. En 1871, les Parisiens sont méfiants envers l'assemblée nouvellement élue en février 1871, où les deux tiers des députés sont des monarchistes de diverses tendances ou des bonapartistes. L'assemblée, méfiante du Paris populaire toujours prêt à s'enflammer, décide, le 10 mars, de siéger à Versailles (ville sous contrôle des Allemands et symbole de la monarchie absolue). L'assemblée mène une politique sociale qui va mettre en difficultés une partie des Parisiens, déjà éprouvés par le siège de la ville par l'armée prussienne (durant cette période, la consommation d'absinthe est multipliée par cinq)[citation nécessaire]. Le 10 mars, elle décide la suppression du moratoire des effets de commerce, des loyers et des dettes, désormais ce sont trois termes qui deviennent exigibles. De nombreux ouvriers, artisans et commerçants se voient menacés dans leurs moyens de vivre (on estime à près de 150 000 les personnes ainsi menacées de faillite ou de poursuites judiciaires). De plus, l'assemblée supprime la solde quotidienne de 1,50 franc des soldats de la Garde nationale, privant ainsi une partie des classes pauvres de Paris d'une source de revenus. Cette politique rappelle, aux plus vieux des Parisiens, celle menée au printemps 1848, par l'Assemblée dominée par le Parti de l'Ordre dont un des chefs était Thiers. Quand le gouvernement décide de désarmer les Parisiens ceux-ci se sentent directement menacés. Il s'agit de soustraire aux Parisiens les 227 canons entreposés à Belleville et à Montmartre. Les Parisiens considèrent ces canons comme leur propriété, qu'ils ont eux-mêmes payés lors de la guerre contre la Prusse par le biais de la souscription. Ils se voient sans défense vis-à-vis d'éventuelles attaques des troupes gouvernementales (comme en juin 1848). Cependant les Parisiens disposent de près de 500 000 fusils.


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    HADOPI LA LOI QUI SERRE A FLICKER LES CITOYENS


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  • Le chapeau sur l'Å"il Le reste à Auteuil
    Ils ont trent' -six mains
    Les rupins
    Aux Galeries Lafarfouillett's
    Ils farfouill'ot et font leurs emplett's
    Aux Galeries Saint-Honoré
    Ils s'fout'nt un gâteau dans l'cornet
    La serviette au col
    Le pif sur le bol
    Ils ont le bec fin
    Les rupins
    Leur couteau comme un stylographe
    Ils découp'nt et font des paraphes
    En regardant sur le mur blanc
    Pendre l'assiette en vieux rouen
    Mille hectar' s de bois
    Un hectare au Bois
    C'est très parisien
    Les rupins
    Le fric c'est comm' les parchemins
    Ça s'met en tas dans un p'tit coin
    C'est pas méchant ça fait pas d'bruit
    Pas même quand ça fait ses p'tits
    Madame allongée Le plumard anglais
    Ils font ça très bien
    Les rupins
    Quand on est deux c'est pour la vie
    Quand on est trois c'est plus gentil
    Quand on est quat' c'est plus carré
    Suffit d'savoir se retrouver
    Mad'moiselle est là Le ventre aux abois
    C'est pas des lapins
    Les rupins
    Voyage en Suisse produits anglais
    Faut voir comme ils sont informés
    Faut pas ternir les vieux blasons
    Et qu'tout soit propre à la maison
    Faut la Mercédès
    Bisness is bisness
    Ça n'est pas chauvin


    Les rupins
    On part au ski bridger un brin
    On part à Cannes quand on revient
    Si «Partir c'est mourir un peu»

    Les rupins ça doit pas s'fair' vieux
    La révolution
    C'est une opinion
    Ça. mang' pas du pain
    Les rupins
    On coupe un'têt' par-ci par-là
    Vingt ans après « Tiens vous t'voilà »
    Les rupins c'est comm' la chienlit
    Plus qu'on l'arrach· ...
    plus qu'ça t'produit ...

     

     


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