C’est la conviction de Saïd Samouk, éleveur de cochons au Maroc. Des Marocains ou des résidents étrangers ont décidé de répondre à la demande des touristes et développent leur propre élevage.
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Enseignants, internautes, ouvriers, prostituées, sans-papiers…
Tous et toutes combattent la politique menée depuis l'Elysée.
6 mai 2007, Nicolas Sarkozy est élu par 53% des Français. 6 mai 2009, 59% des Français se déclarent mécontents d'avoir Nicolas Sarkozy comme Président, selon un sondage Ifop pour le JDD. Des mécontents de plus en plus nombreux dont Rue89 a réalisé un tour d'horizon.
A la tête de cette contestation, les fonctionnaires de tous bords (profs, chercheurs, médecins, magistrats, infirmières…), pour qui l'Elysée a entrepris un régime drastique, avec le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite chaque année d'ici 2012.
Patente également est la révolte des « sans-rien », ces sans-papiers, sans-domiciles, sans-emplois… plus que les autres catégories de la population touchés pas la crise économique. Une crise que l'exécutif dit tenter d'enrayer, tout en laissant en vigueur un « paquet fiscal » en forme de cadeaux multiples pour les ménages les plus aisés.
Inquiétants enfin sont les boucliers levés tant par les acteurs de l'Education nationale que ceux de l'Enseignement supérieur. Une crise ouverte du pouvoir avec les sachants ne constitue jamais le signe d'une société en bonne santé. Décryptage
Les cheminots
Acteurs majeurs coutumiers des grandes journées de grèves, les cheminots se sont particulièrement distingués sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Dès le début du quinquennat, ils se sont mobilisés contre la loi instituant le service minimum dans les transports. Une mobilisation payante, puisque que le texte a été vidé en partie de sa substance.
Mais les blocages ont aussitôt repris de plus belle, en raison de la volonté du gouvernement de réformer les régimes spéciaux de retraite. Avec toujours en toile de fond le spectre des grèves de 1995, qui avaient contraint un Alain Juppé « droit dans ses bottes » à faire machine arrière.
Cette fois, la mobilisation a connu son point d'orgue en janvier : la gare Saint-Lazare à Paris a été fermée, après un mois de « grèves de 59 minutes » du syndicat SUD-Rail. Un syndicat qui a reçu pour principales réponses des menaces de plainte de la SNCF et s'est vu qualifié d'« irresponsable » par le chef de l'Etat
Décryptagede l'Etat.
Les chercheurs
Le 22 janvier 2009, Nicolas Sarkozy a réussi à fédérer contre lui un corps de métier réputé discret : les enseignants-chercheurs du supérieur. Pour les mettre dans la rue et précipiter un mouvement universitaire dur (qui a la particularité d'être à l'initiative des profs et pas des étudiants), le président de la République a prononcé un discours très offensif dans lequel il mettait en doute la qualité des enseignements et le bien-fondé de certaines recherches.
Dans la foulée, Valérie Pécresse, ministre en charge du dossier, cristallisait la colère en remaniant le statut des universitaires qui se sont battus plus de deux mois contre l'évaluation des chercheurs par leur hiérarchie administrative.
Les chômeurs
Le mois de novembre dernier a constitué un tournant dans la présidence de Nicolas Sarkozy : avec 64 000 chômeurs supplémentaires, soit 2,068 millions de demandeurs d'emplois au total, jamais le chômage n'avait été aussi élevé depuis son élection. Et il fallait alors remonter à 1984 pour trouver une telle envolée du chômage. La promesse contenue dans le programme présidentielle du candidat de l'UMP paraît de plus en plus difficile à mettre en œuvre :
« En cinq ans, nous pouvons atteindre le plein emploi, c'est-à-dire un chômage inférieur à 5% et un emploi stable à temps complet pour tous. »
Avec la crise économique, ce marasme s'accentue chaque mois. En mars, le nombre de demandeurs d'emploi a franchi en mars la barre des 2,4 millions de personnes en France avec 63 400 chômeurs supplémentaires, soit 2045 de plus chaque jour.
Les étudiants
Au début de l'année, les étudiants s'engagent aux côtés des enseignants-chercheurs, mobilisés contre un décret d'application de la loi LRU. Les étudiants réclament le retrait total de la loi, une revendication qu'ils n'avaient pas pu satisfaire lors du mouvement 2008.
Universités totalement ou partiellement bloquées, manifestations et occupations : la conjugaison des deux mouvements empêche la tenue normal des cours. Malgré une importante mobilisation et une tension grandissante dans les universités, Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, refuse de céder aux revendications étudiantes.
Selon l'AFP, à l'approche des partiels, une vingtaine d'universités sont encore perturbées à des degrés divers cette semaine.
Les gardiens de prison
Les derniers déçus du Président. Ou plutôt de sa politique sécuritaire qui, depuis 2002, n'a cessé de remplir les établissements pénitentiaires, sans donner tous les moyens nécessaires à son administration.
Résultat : une hausse significative des suicides de détenus en 2008 et une détérioration continue des conditions de vie. Un scandale qui dure, montré dans cette vidéo diffusée par LeMonde.fr. Ce quartier de Fleury Mérogis a depuis été fermé pour rénovation.
Ce qui n'empêche pas certains chercheurs de proposer des solutions à la surpopulation carcérale. Et de s'interroger sur l'après-Dati, car la loi pénitentiaire est le seul projet que la ministre de la Justice a laissé à son successeur.
Les infirmières et sages-femmes
Les 35 heures avaient semé la pagaille dans la profession des infirmières. Depuis, rien ne s'est arrangé, comme l'a douloureusement rappelé la mort du petit Ilyès à Saint-Vincent-de-Paul en décembre dernier. Une erreur médicale due aussi au stress qu'elles vivent toutes.
Celles qui travaillent en libéral voient désormais leur liberté d'installation encadrée afin de rééquilibrer la démographie médicale.
Par ailleurs, pour protester contre le manque de reconnaissance de leur profession, les sages-femmes manifestent également cette semaine afin que leur cursus s'inscrive dans un parcours universitaire.
Les internautes
Si le projet de loi Création et Internet, appelé « Hadopi », divise autant les artistes que les politiques, il fait la quasi unanimité contre lui chez les internautes. A la tête de la fronde contre ce texte qui vise à sanctionner le téléchargement illégal : Le Réseau des pirates, qui revendique plus de 12 000 signataires de son Pacte pour les libertés numériques. Un pacte accompagné d'un appel qui commence par ces mots :
« Nous sommes des millions, ils font de nous des pirates. »
Autre initiative, cette fois de La Quadrature du Net : l'association demande aux internautes de « peindre leurs sites, blogs, profils, courriers, commentaires ou avatars de la couleur noire du black-out ».
Les journalistes
Les journalistes, et surtout ceux de l'audivisuel public. Pour en finir avec « l'hypocrisie » de la nomination politique en sous-main des présidents de France Télévisions et Radio France, Nicolas Sarkozy a fait inscrire dans la loi… qu'il les nommerait lui-même. Ce que le Parlement lui a bien évidemment concédé.
Manifestations immédiates de mécontentement chez les personnels de l'audiovisuel public. Un de ces mouvements d'humeur est d'ailleurs visible dans la vidéo off de Nicolas Sarkozy sur le plateau du « 19/20 » de France 3, diffusée en juillet dernier par Rue89.
Une vidéo qui a entraîné une plainte de France 3, sur pression de l'Elysée. Et par la même occasion une nouvelle ire des syndicats de France Télévisions, lorsque deux journalistes de France 3 et deux autres de Rue89 ont été convoqués par la police judiciaire le 1er avril pour cette ubuesque affaire, alors que les perquisitions et les arrestations se multiplient dans le monde journalistique (au Canard, à Libé, au Monde…).
Les lycéens
En décembre dernier, la mobilisation lycéenne avait contraint Xavier Darcos à repousser la réforme du lycée à la rentrée 2010. Malgré le recul du ministre, les lycéens redescendaient dans la rue dès janvier pour réclamer son abandon définitif et l'annulation des 13 500 suppressions de postes prévues pour rentrée 2009.
Si les différents syndicats appellent à rester mobilisé, le mouvement s'est essoufflé après la désignation de Richard Descoings, directeur de Sciences Po Paris, pour mener une concertation nationale. Ce dernier doit rendre son rapport mi-mai.
Il est cependant déjà prévu que la réforme sera testée dès la rentrée prochaine dans une centaine d'établissements. La Fidl appelle donc les lycéens à se remobiliser dès le mois de septembre prochain.
Les magistrats
Les magistrats ont au moins trois raisons d'en vouloir à Nicolas Sarkozy. La première est un symbole et s'appelle Rachida Dati. En bon soldat du Président, elle a d'emblée appliqué au pas de course des réformes impopulaires, sans réelles concertations pour ce qui concerne la carte judiciaire. L'avocat général Philippe Bilger a très vite qualifié la garde des Sceaux de « chouchou du couple présidentiel », qui « n'a pas été choisie par le Président pour sa compétence ».
La seconde raison de la colère, c'est un style brutal qui a irrité les juges, convoqués à tout crin par la Chancellerie.
Enfin, le clou a été enfoncé dans les toges lorsque fut annoncée la suppression à venir du juge d'instruction, figure tutélaire de l'indépendance de l'ordre judiciaire. Pas sûr que cette réforme arrive à terme.
Les mal-logés
L'année 2007 a été marquée par deux événements peu flatteurs pour la France en matière de logement : pendant l'été, le parquet de Paris ordonne le retrait des dernières tentes de SDF le long du canal Saint-Martin, puis, quelques semaines plus tard, c'est au tour de mal-logés de s'installer rue de la Banque à Paris, pour alerter l'opinion et les pouvoirs publics sur leur situation.
Christine Boutin, ministre du Logement, instaure alors le droit au logement opposable, qui garantit normalement un logement décent à toute personne qui en est privée. Mais avec un parc disponible de 60 000 logements pour au moins 600 000 demandeurs, la loi est difficilement applicable.
Le DAL et les Enfants de Don Quichotte, à l'origine des deux événements de 2007, ont été condamnés par la justice à l'automne dernier pour avoir installé des tentes dans les rues de Paris.
Les médecins
Le gouvernement leur avait préparé une grande loi au nom ambitieux, « Hôpital Patients Santé Territoire ». Jugée nécessaire par tous les professionnels, la réforme de l'hôpital a pourtant réussi à faire descendre dans la rue même les plus connus des « mandarins ». Inquiets pour la médecine de proximité, redoutant la privatisation de l'hôpital public, et craignant de ne pas être associés à la nouvelle gouvernance.
Cédant à cette pression, des sénateurs ont déjà fait savoir qu'ils amenderaient le texte lors de son passage prochain devant la haute assemblée. Roselyne Bachelot laissera-t-elle son nom à une grande réforme ?
Les ouvriers
46% des ouvriers avaient voté pour Nicolas Sarkozy, boudant l'abstention, Le Pen ou la gauche. Le fameux discours sur le « travailler plus pour gagner plus » s'adressait notamment à ces électeurs contents de remplir un peu leur porte-monnaie. Deux ans après, ils déchantent.
Comme ces ouvriers de l'automobile forcés d'accepter un chômage partiel et les baisses de salaires qui les accompagnent. Comme ces salariés de Continental qui avaient cru sauver leur usine en passant à 40 heures et se voient aujourd'hui baladés par un gouvernement qui a du mal à s'engager comme arbitre face à des directions souvent absentes.
Parfois, la colère explose, des patrons sont séquestrés, chez Sony, Molex, Caterpillar, 3M… au point de faire craindre une « situation révolutionnaire ». Lors de ses différents discours de crise, Sarkozy a tenté de regagner la confiance de cette « France qui se lève tôt ». En vain.
Les parents d'élèves
Depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy, un groupe de mécontents s'est structuré et étoffé au gré des grosses manifs nationales comme le 29 janvier : les parents d'élèves. Ils descendent dans la rue contre la suppression de l'aide aux élèves en difficulté, contre les fermetures de classe ou d'école, mais aussi contre les choix pédagogiques de Xavier Darcos ou, au début du mandat présidentiel surtout, les arrestations de parents sans-papiers.
Dans les écoles, ils prennent le relais des enseignants en cas de retenues sur salaires ou de sanctions disciplinaires. Le logiciel « base élèves » et d'autres fichiers cristalisent la grogne des plus mobilisés.
Les pêcheurs
Le quinquennat de Nicolas Sarkozy avait commencé de la plus mauvaise des manières entre le chef de l'Etat et les pêcheurs. Pris à parti lors d'une manifestation au Guilvinec en novembre 2007, le Président nouvellement élu n'avait pas hésité à rétorquer à un manifestant :
« Toi, si tu as quelque chose à dire, tu as qu'à venir ici ! »
Des manifestations qui se sont ensuite multipliées régulièrement. En mai 2008, les pêcheurs ont fait le déplacement depuis Cherbourg, Quimper, Trépas, Martigues… pour se rassembler à Paris, avec comme revendications la baisse du prix du gasoil et le relèvement des quotas de pêche.
Une seconde requête que les pêcheurs n'ont toujours pu voir satisfaite au mois d'avril dernier, malgré les blocages des ports de Dunkerque, Calais ou Boulogne, même si Michel Barnier, ministre de l'Agriculture et de la Pêche, leur a promis une enveloppe de quatre millions d'euros.
Les professeurs
Depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, les profs sont très remontés. Contre la suppression annoncée des classes pour enfants en difficulté (Rased), l'évaluation des élèves en milieu d'année, mais aussi contre la loi d'août 2008 qui impose aux municipalités d'assurer le service minimum d'accueil dans les écoles primaires lorsque les enseignants font grève.
Ministre de l'Education soutenu depuis la première heure par l'Elysée, Xavier Darcos a aussi réussi à se mettre à dos les professeurs de maternelle qui « changent des couches », les profs de sciences économiques et sociales dont il veut supprimer la filière, ou encore des directeurs d'école, qui commencent à écoper de retenues sur salaires pour avoir manifesté leur hostilité aux réformes.
Les prostituées
Novembre 2007, six mois après l'élection de Nicolas Sarkozy, les prostituées manifestent devant le Sénat à l'appel du collectif Droits et prostitution, pour réclamer l'abrogation de l'interdiction du racolage passif.
Depuis 2003 et les lois sur la sécurité intérieure dites « lois Sarkozy », le racolage est en effet devenu un délit, passible de deux mois de prison et 3750 euros d'amende. La plupart des associations reprochent aux textes ses effets pervers, notamment celui de précariser et d'isoler les prostituées, à coup de condamnations répétées.
Depuis l'adoption de ces lois, les travailleuses du sexe ne cessent d'en réclamer l'abrogation et l'obtention d'un statut légal. Au mois de mars, elles ont crée le premier syndicat du sexe, le Strass.
Les sans-papiers
Avec 27 000 expulsions visées en 2009, Eric Besson maintient l'objectif de Brice Hortefeux, premier ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, emblématique du premier mandat de Nicolas Sarkozy. Moins d'arrestations à la sortie des écoles, depuis le tollé de la rue Rampal à Paris, à la veille de l'élection présidentielle, mais de nombreuses interpellations y compris aux abords des préfectures et parmi les « aidants », même si Eric Besson nie l'existence d'un « délit de solidarité ».
Depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, les sans-papiers ont structuré leur mouvement, aidés par la vigueur de RESF. Ils sont de plus en plus nombreux à faire grève et occuper leur lieu de travail, voire les locaux de la CGT. Le sommet européen de Vichy a été le point d'orgue de la contestation de la politique d'immigration de Nicolas Sarkozy.
Photos : Tendance Floue, Reuters et Rue89. Dessin : Ga
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Congo : sur l'affaire Ossébi, le silence de la France est éloquent
Le 2 février 2009, Bruno Jacquet Ossébi, 44 ans, ressortissant franco-congolais, chroniqueur politique sur Mwinda -journal de l'opposition congolaise sur Internet- décédait à l'hôpital militaire de Brazzaville après y avoir été hospitalisé pour des brûlures au second degré causées par l'incendie mystérieux de son domicile survenu dans la nuit du 21 janvier 2009. Un incendie qui a causé la mort de sa compagne et de ses deux enfants. Le même jour, un incendie similaire survenait à Saint-Ay, près d'Orléans, au domicile de Benjamin Tougamani, dissident politique congolais exilé en France.
Le 19 février 2009, l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT-France) interpellait les autorités françaises sur cette affaire et leur demandait « d'exhorter les autorités congolaises à enquêter de manière approfondie, indépendante et transparente, sur les circonstances et les causes de l'incendie de la demeure de M. Ossébi ainsi que sur son décès [et] d'apporter leur aide technique aux autorités congolaises, en envoyant une équipe d'enquêteurs comprenant un médecin légiste ».
A la veille de la visite présidentielle française au Congo-Brazzaville, le 25 mars 2009, sept organisations, dont l'ACAT-France, appelaient le Président Nicolas Sarkozy à exiger « que toute la lumière soit faite sur cette affaire ». A notre connaissance, l'affaire Ossébi n'a pas été abordée lors de la rencontre avec le Président Denis Sassou Nguesso. A ce jour, aucune réponse n'a été apportée à nos différents courriers.
Retour sur l'affaire Ossébi
Bruno Jacquet Ossébi était connu pour ses articles sur la corruption au Congo. Le 19 janvier 2009, il avait révélé dans un article intitulé « Pétrole contre poignée de dollars » que la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) essayait de négocier un prêt gagé de 100 millions de dollars sur le pétrole via la BNP Paribas, pratique interdite
par loi.Messieurs Ossébi et Tougamani envisageaient tous les deux de se porter partie civile dans la plainte pour « recel de détournements de fonds publics » contre les présidents du Congo, de la Guinée-équatoriale et du Gabon, déposée le 2 décembre 2008 au parquet de Paris, aux côtés de Transparence International et de Sherpa[v]. Leur implication aurait potentiellement renforcé la partie civile.
En France, la police n'a pas jugé utile d'ouvrir une enquête sur l'incendie de la demeure de M. Toungamani. Deux mois plus tôt, M. Toungamani avait pourtant porté plainte contre X pour menaces de mort contre sa famille alors qu'il projetait déjà de joindre son nom à ladite plainte.
Alors qu'il était à l'hôpital, Bruno Jacquet Ossébi a indiqué à l'un de ses proches qu'il regardait seul la télévision dans le salon lorsqu'il a entendu « un vacarme » dans la pièce d'à côté. En ouvrant la porte de cette pièce, il a été fauché au sol par un jet de flammes. Gravement brûlé, le journaliste est sorti de sa maison en rampant avant de tenter en vain de retourner à l'intérieur pour sauver ses proches. Les sapeurs-pompiers ont rapidement déterminé la cause de
l'incendie comme étant un « court-circuit ».Ni les pompiers ni les policiers ne sont venus interroger Bruno Jacquet Ossébi durant son séjour à l'hôpital. Le 2 février, la veille de son évacuation médicale prévue vers la France, Bruno Jacquet Ossébi décède brutalement alors qu'il semblait se rétablir de ses blessures. Le certificat de décès indique que le journaliste est mort d'un « arrêt cardio-respiratoire ». Cinq jours plus tard, son corps est enterré à Brazzaville sans qu'aucune autopsie n'ait été effectuée.
Les autorités exhortées « à mener une enquête approfondie »
La presse congolaise s'est peu intéressée aux questions soulevées par cette affaire. Plusieurs journalistes congolais ont déclaré au Comité pour la protection des journalistes (CPJ) craindre de la traiter. Les médias français y ont par contre consacré plusieurs articles et reportages : « Françafrique : incendies chez des opposants congolais » (Témoignage Chrétien, 29 janvier 2009), « Les affaires françaises de Papa Bongo » (Le Nouvel Observateur, semaine du jeudi 19 février 2009), « Vie et mort suspecte d'un militant franco-congolais » (La Croix, 25 mars 2009) et « Sale temps pour les opposants congolais » (RTL, 26 mars 2009).
Cette affaire a également fait l'objet de plusieurs interpellations de la part d'organisations œuvrant pour la défense des droits de l'Homme. Le 6 février, le CPJ évoque cet étrange incendie. Le 16 février, le directeur général de l'Unesco, Koïchiro Matsuura, déplore la mort de Bruno Jacquet Ossébi et exhorte « les autorités à mener une enquête approfondie sur les circonstances de cet événement tragique ». Face à cette mobilisation, le procureur de la République congolais nomme, le 25 février, un juge d'instruction pour enquêter sur l'incendie. Malheureusement, les décombres de la maison où habitaient Bruno Jacquet Ossébi et sa famille ont été, entre-temps, rasés et nettoyés… A ce jour, personne n'a encore été en mesure de reconstituer de manière précise les circonstances de l'incendie.
Pour plus d'informations sur l'affaire Ossébi : le reportage du CPJ intitulé « Un Incendie Mortel qui Suscite Beaucoup d'Interrogations » (23 avril 2009).
Photo : Nicolas Sarkozy accueilli à Brazzaville par Denis Sassou Nguesso le 26 mars 2009 (Philippe Wojazer/Reuters).
rue89
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Un bébé de quatre mois maintenu en centre de rétention à Nîmes
MARSEILLE (AFP) — Un bébé de quatre mois, ses parents d'origine russo-azerbaïdjanaise et un autre enfant du couple ont été maintenus au centre de rétention de Nîmes, l'appel du procureur sur une décision les remettant en liberté étant suspensif, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
La famille restera dans tous les cas dans ce centre jusqu'à l'examen au fond de leur dossier, prévu lundi matin à 9H00, a-t-on précisé de même source.
Jeudi, un juge des libertés et de la détention (JLD) avait décidé de remettre en liberté la famille, estimant que la procédure la conduisant en centre de rétention était irrégulière.
Le juge avait par ailleurs considéré que le placement en centre de rétention d'un bébé était "incompatible avec la convention des droits de l'Homme et avec la convention des droits de l'enfant" mais le parquet a contesté sa décision.
"L'acharnement de l'administration sur cette famille est incompréhensible et intolérable", a dénoncé la Cimade, dans un communiqué ajoutant: "la politique du chiffre conduit ainsi, une fois de plus, à nier les plus élémentaires principes d'humanité".
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Dieudonné reparle de Le Pen, des juifs… et dérape encore
On pourrait appeler ça un sketch, s'il ne frisait pas une nouvelle fois l'antisémitisme. Le pseudo humoriste Dieudonné est (déjà ! ) revenu sur scène sur la polémique qui a entouré le parrainage de son troisième enfant par le leader frontiste Jean-Marie Le Pen.
Jeudi, dans son théâtre parisien de la Main d'or, il a rajouté six minutes à son spectacle du moment, le bien nommé « J'ai fait l'con ». Un des spectateurs présents a filmé chacune des tirades et a publié la vidéo sur son blog d'extrême droite La Banlieue s'exprime. Des tirades qui, comme à l'accoutumée, se révèlent aussi explicites que provocantes :
« J'avais pas les moyens de faire autre chose. Vous savez combien ça coûte une campagne de promotion sur TF1 ? (…) Au début, j'ai pensé à une fausse agression. Je me suis dit : je vais me faire taper à coups de barre à mine dans XIXe. C'est vrai que c'est assez efficace. Mais j'ai un pote qui m'a dit laisse tomber. (…) Faut être juif pour ça. » (Voir la vidéo)
Dieudonné M'bala M'bala de son vrai nom, et avec lui au passage son « pote » -comme il l'appelle- Jean-Marie Le Pen, est effectivement parvenu à faire encore parler de lui. De la publicité immédiate certes, mais qui pourrait se prolonger comme souvent dans les prétoires.
Relaxé à de nombreuses reprises, il vient cependant d'être condamné par deux fois. Le 15 novembre dernier, pour avoir comparé les juifs à des « négriers ». Puis le 26 juin, pour avoir parlé de « pornographie mémorielle » à propos de la commémoration de la Shoah.
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